YÖRÜK

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Groupe nomade de Turquie. Les Yörük ou I r k (le terme signifie «ceux qui marchent») se répartissent dans trois régions: les tribus de l’ancienne Pamphylie entre Antalya et Gazipasa, qui estivent dans le Taurus; les tribus de la Troade, qui transhument entre Izmir et Aydin; enfin celles de Cilicie entre Silifke et Adana.

Les Yörük se prétendent de pure origine turque, puisque héritiers des anciens conquérants seldjoukides des tribus oghouz, venus en Turquie au XIe siècle. Cette époque, puis celle des invasions mongoles, voit une recrudescence du nomadisme sur tout le plateau anatolien. Il est vraisemblable que jusqu’au XVIe siècle l’ensemble du plateau est parcouru par des tribus à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux de moutons et de chevaux. Puis le processus de sédentarisation s’amorce: les nomades cavaliers sont enrôlés comme mercenaires dans les armées des sultans; avec le renforcement du pouvoir central et la création d’une armée de métier, ils perdent alors progressivement toute influence.

Aujourd’hui, parcourant des distances qui varient de cent cinquante à quatre cent cinquante kilomètres, les Yörük suivent des itinéraires bien définis: l’hivernage a lieu en altitude dans le kislak pendant quatre à six mois; l’estivage dans l’ailak , région des plaines, de mai à novembre. La durée du séjour varie suivant les tribus, et en fonction de la température. À la morte-saison, les Yörük se livrent généralement à des activités de transporteurs (coton, matériaux de construction, récoltes). Puis après les préparatifs de départ (achats de vivres, de vêtements, de munitions et d’ustensiles variés), les clans quittent leurs résidences. À la tête de chacun d’eux, le membre le plus riche est choisi comme chef, responsable moral et matériel. Le départ est précédé d’une réunion du conseil des anciens, consacrée aux problèmes de la migration et à l’issue de laquelle est donné l’ordre de lever les camps. En fait, le départ réel ne s’effectue qu’au point de rencontre de plusieurs clans.

Les morts et les malades sont recensés, les bagages contrôlés, les chameaux et les chevaux parés: chacun se doit d’avoir le nécessaire pour le séjour dans l’ailak . Les femmes conduisent les troupeaux, et les hommes suivent une route parallèle avec les bêtes de charge. À la première étape se déroule la cérémonie du départ proprement dit: visite des lieux saints locaux; jeux; courses de chevaux; combats de chameaux et de chiens; sacrifices et prières, auxquels hommes et femmes assistent séparément. La cérémonie s’achève par un grand repas, dont les restes sont consommés au cours des étapes suivantes. Longues de vingt kilomètres, les étapes durent de six à douze heures. Le camp est généralement levé avant l’aube; et la marche s’arrête aux heures chaudes.

L’habitat des Yörük se compose de la tente noire en poil de chèvre (kara cadir ), plantée sur une aire appelée yourte, et sur laquelle on étale des tapis (kilim ). En hiver, les campements regroupent rarement plus de dix tentes, soit cinquante personnes. Mais aujourd’hui, de plus en plus, les constructions en dur remplacent les tentes. L’alimentation se compose essentiellement de pain et de laitages. L’artisanat yörük est lié à l’élevage; les femmes filent et tissent la laine et confectionnent tapis, tentes, sacs, etc.

La scolarisation des enfants est encore rare du fait des déplacements fréquents. Seuls les hommes reçoivent quelque instruction au cours du service militaire. Les querelles tribales sont réglées par la sariat et la loi laïque turque. Les Yörük participent aux élections législatives et municipales et ont des candidats inscrits dans des partis de droite.

Musulmans sunnites d’obédience hanafite, ils ont conservé quelques traces d’animisme et des croyances préislamiques. Le mariage est généralement endogamique; l’entremetteuse (görücü ) y joue un rôle primordial. Le statut de la femme est régi par le Coran. L’épouse, achetée, peut être répudiée et la polygamie est licite. Parce qu’elle est nomade, la femme peut néanmoins partager un certain nombre d’activités avec l’homme. La naissance d’un fils, la circoncision, les fiançailles donnent lieu à des sacrifices et des luttes rituelles (hommes et animaux). Le culte des morts est généralement pratiqué. Si le gouvernement n’a pas fait usage de la force pour sédentariser les Yörük, ceux-ci y sont incités par les agriculteurs sédentaires et le développement des moyens de communication. En outre, les cultures commerciales se substituant aux cultures vivrières, les pâturages se raréfient; ainsi en hiver les Yörük doivent louer les champs. Les rapports entre nomades et sédentaires, autrefois conflictuels — pillage, enlèvement pour rançon, dévastation des cultures par les troupeaux —, tendent à s’améliorer, progrès favorisé par les autorités qui ne permettent pas des étapes excédant trois jours. Au kislak ou à l’ailak correspondent deux types d’économie complémentaires: échange des produits de la terre contre ceux de l’élevage d’une part; échange des produits de l’artisanat contre des objets manufacturés, d’autre part. Mais la sédentarisation devient pour les Yörük signe d’accès à un niveau de vie supérieur. La scolarisation des enfants, le plus grand confort de l’habitat, l’attrait de la ville conduisent les jeunes Yörük à quitter leurs tribus. Le commerce ou l’enseignement constituent leurs pôles d’intérêt majeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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